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Un week-end à Bcharré au Liban Nord
Un week-end à Bcharré au Liban Nord
Camille Devars Bex

Le chemin pour arriver au village de Bcharré est à lui seul une aventure.

Il faut dire que soleil est déjà couché depuis bien longtemps lorsque nous partons à la recherche d'un bus reliant Beyrouth à la vallée sainte de la Qadisha et nous craignons que notre périple prenne fin avant même avoir commencé.

Après deux bonnes heures et quelques détours dans les différentes gares routières de la ville nous trouvons enfin un chauffeur de bus acceptant de nous mener à notre destination.

Un militaire, un homme déjà endormi sur sa banquette et un couple sont nos seuls compagnons de voyage. À leur air étonné lorsque nous nous installons au fond du van, j'en conclus qu'ils sont aussi surpris que nous de trouver des voyageurs souhaitant gagner la montagne en pleine nuit.

Légère excitation lorsque le chauffeur démarre, la sensation de partir vers l'inconnu, en quête de changement et d'aventure. Car c'est bien cela qui nous guide vers Bcharré : l'envie de changer d'air, de changer de monde au cours de ce week-end pendant lequel nous serons infidèles à Beyrouth.

À mesure que les lumières citadines s'estompent, le calme et la fraicheur nous laissent deviner la sérénité dont nous pourrons profiter ces deux prochains jours.

Les lumières émises par le van nous laissent parfois entrevoir une église ou un village mal éclairé. Mais après une heure et demi de route, plus rien. Nous sommes seuls face à la pénombre et pas le moindre bruit ne vient perturber notre petit groupe de voyageurs nocturnes.

Bercée par le ronronnement du moteur, je ferme les yeux pour ne les rouvrir qu'une demi-heure plus tard. Nos comparses ont disparu. Seul reste le militaire, qui semble interloqué de nous voir tous trois endormis alors que le chauffeur nous signale depuis son volant que nous sommes arrivés à destination.


Le temps de rassembler nos affaires et de payer notre trajet, nous voilà seuls au milieu des ruelles désertes de Bcharré.

Un coup d'oeil à notre GPS nous informe que nous sommes à plus d'une heure de marche de l'hôtel dans lequel nous devons passer la nuit. Le froid nous tenaille, cela ne va pas être facile. En fait nous commençons même à désespérer, quand, miracle : un homme s'arrête en voiture et accepte de nous avancer.

Sur le chemin, il nous raconte qu'il est né à Bcharré. Il n'est jamais sorti de sa région et la considère comme la plus belle du Liban. Nous décidons d'en juger aux premiers rayons du soleil.

Après avoir remercié notre sauveur des dizaines de fois, nous continuons à pied et arrivons bientôt sur un flanc de montagne. L'instant est magique : pas une seule voiture, aucune lumière pour nous éclairer mis à part la petite lampe que nous avons retrouvée dans une poche et le néon en forme de croix qui surplombe la colline. La beauté des étoiles nous fait bien vite oublier la fraicheur l'air, et nous admirons en marchant la grande ourse, la petite et bien d'autres constellations qu'il nous est impossible d'apercevoir en ville.


Après une demi-heure de marche sous ce ciel spectaculaire, nous atteignons enfin le White Cedars Hotel et nous sentons réchauffés par le sourire de la gérante qui nous accueille malgré l'heure tardive de notre arrivée.

Nous prenons juste le temps d'avaler un délicieux repas puis rentrons, épuisés, dans notre chambre.

A peine éveillés, nous somme gagnés par la joie et l'excitation : nous allons enfin découvrir la vallée dont tout le monde nous vante les mérites depuis notre arrivée au Liban !

Direction la forêt des cèdres de Dieu en fin de matinée. Nous y sommes conduits par Walid, un chauffeur de Bcharré qui connait la quasi totalité des habitants du village et qui nous affirme lui aussi habiter la plus belle région du pays.

Décidément, la vallée semble faire l'unanimité autant pour les touristes que pour les locaux.

Lorsque nous arrivons devant la forêt des cèdres, nous comprenons que la région n'a pas volé sa réputation.


Une forte émotion nous envahit. Nous nous mettons à imaginer ce que ces arbres ont bien pu voir défiler au cours des siècles. De mon côté, je m'imagine aussi Khalil Gibran et Lamartine méditer dans cette forêt et s'inspirer de la sagesse des arbres millénaires.

C'est justement pour découvrir les œuvres de Khalil Gibran que nous quittons cette magnifique forêt. À quelques kilomètres se trouve le musée Gibran, qui offre une vue impressionnante sur le village et nous propose de découvrir les œuvres picturales malheureusement peu connues de l'auteur du « Prophète ».

La visite terminée, nous nous aventurons dans les sous-sols où se trouve le tombeau du poète.

Une épitaphe, ultime poème de l'auteur, est posée sagement sur une pierre non loin du cercueil :

« Je suis vivant comme toi

Je suis maintenant debout à côté de toi, ferme tes yeux

Et regarde,

Tu me verras devant toi »

Nous fermons les yeux... Mais Gibran doit être bien caché.

Notre dernière étape sera le monastère de Qozhaya. Nous arrivons encore en pleine nuit, et sommes émerveillés par la beauté du lieu. Bien que nous ne puissions apercevoir la vallée cachée par l'obscurité, nous comprenons tous les compliments qui nous avaient été formulés sur la région.

L'endroit semble à peine réel, nous nous retrouvons perdus dans un autre temps, un autre monde même car il règne sur ce lieu une réelle ambiance de conte de fées.

En parcourant le monastère pour trouver l'entrée du foyer, je tombe sur un moine qui s'apprêtait à aller se coucher. Je lui mime tant bien que mal le fait que nous souhaitons dormir, il parvient finalement au bout de quelques secondes à comprendre mes gestes maladroits et nous indique la porte d'entrée du foyer.

Nous nous endormons sans trop de mal, tant la journée a été riche en aventures.

Levé très matinal le lendemain pour être certains de ne pas rater la messe de 7 heures.

Il y a huit moines au début de l'office, plus un qui arrive avec quelques minutes de retard, celui que j'avais dérangé la veille.

La plupart sont très vieux et arborent une longue barbe. J'aperçois même un moine au troisième rang le dos tout recourbé et qui est obligé de coller son œil à un carnet pour pouvoir lire ses prières.

Quelques chants viennent parfois illuminer la cérémonie, parfait moment de communion entre les moines et les fidèles.

La messe s'achève au bout d'une petite heure et nous regagnons la grande terrasse du monastère.

Nous passons quelques minutes à méditer devant la vue spectaculaire qui s'offre à nous, remerciant la nature d'offrir pareilles beautés.

Sur les coup de midi, je rejoins le père Charbel qui a accepté de me rencontrer pour répondre à quelques questions sur sa vie de moine. La discussion dure finalement beaucoup plus longtemps que prévu tant cet homme a des choses intéressantes à me raconter.

Il est déjà tard lorsque je sors de mon entrevue. Je n'ai pas vu le temps passer et mes amis m'indiquent que nous devons déjà rentrer à Beyrouth.

L'idée de rester au monastère me traverse l'esprit, mais je me résous finalement à monter dans le taxi qui nous reconduit doucement vers le bruit et l'agitation.

Sur la route du retour, nous partageons, émus, nos impressions. Nous pourrons désormais nous aussi faire partie de ceux qui ne tarissent pas d'éloge sur la sainte vallée de la Qadisha.

Nous sommes à la fois heureux et frustrés, car il faut bien plus que deux jours pour découvrir l'ensemble de la vallée.

Promesse est alors faite : nous reviendrons à chaque fois que nous en aurons l'occasion.

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